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Patron au féminin en Pays de Savoie

Patron au féminin en Pays de Savoie

mercredi 7 mars 2012

FEMME ET CHEF D'ENTREPRISE. UNE ASSOCIATION PAS ENCORE ÉVIDENTE PUISQU'UN QUART SEULEMENT DESPATRONS SONT DES PATRONNES EN PAYS DE SAVOIE. MAIS LA SITUATION S'AMÉLIORE ET LES FEMMES DEVIENNENT PLUS VISIBLES. À L'OCCASION DE LA JOURNÉE DU 8 MARS, DEUX MANIFESTATIONS LES METTENT À L'HONNEUR. EN SAVOIE, L'ASSOCIATION FEMMES CHEFS D'ENTREPRISES ORGANISE, AVEC LE MEDEF ET L'ESC, "MON PATRON ESTUNE FEMME" ET EN HAUTE SAVOIE LE CLUB DES ENTREPRISES DE L'IAE SAVOIE MONT BLANC PROPOSE "CES HOMMES QUI COMPTENT DANS/SUR LA CARRIÈRE DES FEMMES".

Du côté des patrons, on est encore bien loin du "lady-boom". Les femmes chefs d'entreprises, qu'elles .soient patronnes ou cadres dirigeantes, sont encore une minorité en Pays de Savoie comme sur le reste du territoire. En effet, alors que le pourcentage national de femmes patrons est de 27 %, il atteint un niveau identique en Savoie mais est seulement de 71 % en Haute-Savoie.

Une proportion qui ne correspond pas vraiment au poids démographique des femmes qui représentent près de 51 % de la population des deux départements ! Et qui ne correspond pas non plus à la progression du taux d'activité des femmes, passé de 60 % en 1975 à plus de 82 % en 2006. En 2008, les femmes n'occupaient qu'un tiers des postes d'encadrement du privé et du semi-public. Et encore aujourd'hui, plus l'on monte dans la hiérarchie des entreprises, moins on y trouve de représentantes du sexe féminin. Une absence par exemple très visible dans les secteurs traditionnellement très féminisés comme la banque. Les femmes y sont légion dans les effectifs globaux, mais manquent cruellement dès que l'on monte en grade.

Et quand elles grimpent dans la hiérarchie, on les retrouve en général cantonnées à deux fonctions, la communication et les ressources humaines. Exception à la règle, la très récente nomination de Stéphanie Paix à la présidence du directoire de la Caisse d'épargne Rhône-Alpes. Mais que ce soit dans l'industrie, les services ou encore le BTP, les femmes sont rares partout à des postes de dirigeantes. Elles ne sont ainsi qu'une douzaine de décolleteuses sur près de 600 entreprises du secteur en vallée de l'Arve. La sous-représentation féminine à la direction des entreprises est encore plus flagrante lorsque l'on s'intéresse à la taille des établissements. Les femmes patrons se trouvent très majoritairement dans de petites structures et TPE, et notamment des commerces, beaucoup plus rarement à la tête de grosses sociétés. D'ailleurs le pourcentage global de 27 % de patrons femmes tombe à 17 % dans les entreprises de plus de 10 salariés.

Cela se vérifie d'abord au niveau national, où, depuis la récente exaction d'Anne Lauvergeon de la présidence d'Areva, il n'y a plus de patronne dans une entreprise du Cac 40 (et une seule femme à la présidence d'un conseil d'administration, Élisabeth Badinter, à la tête de Publicis, société qui par ailleurs se distingue par ses 44 % de femmes au sein de son conseil d'administration). Et ce n'est pas mieux dans la haute fonction publique : on ne compte que 9,9 % de préfètes, et que 11 % d'ambassadrices par exemple. Le phénomène est similaire en Pays de Savoie où les dirigeantes sont quasi absentes des plus grosses entreprises. Dans la liste des leaders, publiée par l'Agence économique de la Haute-Savoie, on ne retrouve aucune femme, à l'exception de directrices de sites, comme Nathalie Corvaia à la tête du Centre d'immunologie Pierre Favre. Bien sûr, les mentalités évoluent.

Et d'ailleurs, Ic nombre de femmes patrons augmente. S'il atteint 27,2 % aujourd'hui en Savoie, il n'était que de 26 % il y a deux ans. Dans le même temps, la part des effectifs salariés employés par des patrons femmes est passée dans le département de 11,5 % à 12,55 %. Cela n'a rien d'une explosion bien sûr, mais les femmes montent, lentement mais sûrement. On les voit aussi de plus en plus prendre des postes de dirigeantes dans des secteurs traditionnellement bastions masculins.

En Savoie, c'est ainsi une femme, Kathie Werquin-Wattebled qui dirige la Banque de France à Chambéry. Et c'est aussi une femme, Corinne Puglierini qui est à la tête de la prison d'Alton. Et on peut imaginer que le mouvement s'accentue avec la mise en place de contraintes réglementaires. Ainsi la toute récente loi Copé-Zimmerman qui va imposer le respect de quotas de femmes dans les conseils d'administration des sociétés cotées et des plus grosses entreprises (20 % en 2014 et 40 % en 2017 contre un peu plus de 15 % aujourd'hui).

La préparation de cette loi a déjà permis de laire bouger les choses puisque, en un an, le pourcentage de membres femmes des conseils d'administration des sociétés concernées est passé de 10,5 % à 15,3 % entre 2009 et 2010 (et l'on revient de loin puisque cette proportion n était que de 5 % en 2003). Si demain, les femmes sont plus visibles dans les giandes entiepnses, on peut paner qu'elles feront ecole et donne rent envie a d'autres de les imiter.

Et ce, d'autant plus facilement que leurs competences et leur niveau d etudes ne sont pas en question Le taux de reus site des jeunes filles est en effet meilleur que celui des gaiçons dans le s>steme éducatif C'est apres que les choses se gâtent Ainsi alors que les filles rcpre sentent 56 % des diplômées de I enseï gnement supeneui elles ne comptent plus que pour 30 % dans la population des cadres II v a d'un côte les freins que met la societe a la carriere des femmes en leur réservant les postes les moins intéressants et en leur proposant, a poste égal des salaires scandaleusement plus bas.

Et d'ailleuis ce sont pour les fonctions les plus qualifiées que I écart de salaire est le plus impor tant Par exemple les dirigeantes salariées d'entreprises perçoivent en moyenne une rémunération 32 9 % inférieure a celle des hommes occupant des postes équivalents Oi l'écart global des salaires hommes-femmes est "seulement" de 26 % Tl v a aussi le fameux plafond de verre si difficile a franchir qui fait que souvent, les femmes elles-mêmes rechignent a prendre des responsabilités Un frein en forme d'autocensure qui écarte les femmes de lentrepre neunat Et quand elles se lancent elles voient souvent moins grand que les hommes Pourquoi donc hésitent-elles ?

Probablement d abord par un certain manque d'appétit pour le pou voir Bien quil existe bien sûr, de nombreuses exceptions les femmes sont plutôt moins carriéristes que les hommes En second lieu, elles éprouvent souvent des difficultés a gerer leurs vies parallèles chef d en tiepnse épouse ou compagne mel e de famille.

Des difficultés qui, même une fois parvenues a la tête d'une societe ressurgissent fréquemment II y a quèlques jouis une leunion était ainsi organisée a la CGPME 74 pour mettre en place un club femmes au sem du svndicat patronal (la CGPME 74 compte une cinquantaine de femmes sur 300 adhérents) sur le modele de gioupes existant dans d autres départements (groupes que Ion trouve d'ailleurs dans d autres professions comme le BTP par exemple Ainsi les groupes femmes dcs différentes fédérations Rhône Alpes devait se retrouver le 2 mars à Challes les Eaux pourleur 7e semmane place cette annee sous le thème Piloter une entreprise c'est du spoit').

Au début de la reunion de la CGPME 74 les femmes présentes interrogées sur leurs besoins spécifiques réclamaient des informations et des ateliers pour repondre a des problêmes juridiques et techniques rencontres par n'importe quel chef d'entreprise qu'il soit homme ou femme.

Puis petit a petit, au cours de la discussion des thèmes particuliers aux femmes sont apparus comme la sera pitemelle question de la gestion du temps Car apparemment les femmes patrons aussi se démènent comme elles le peuvent pour tout concilier et tout gel ei, ne se sentant pas toujours épaulées.

Et en souffrent, comme en témoigne Catherine Genévrier psychologue spécialisée en risques sociaux «J'ai vu passer des dizaines de managers en souffrance en consultation explique t elle Let, hommes managers qui viennent consulter ont peur de ne pas etre a la hauteur de leur tâche notamment lorsqu'ils prennent un poste Les femmes, elles, culpabilisent parce quelles ont le sentiment de voler du temps a leur famille Jamais reniai que Catherine Genemei, je n ai observe une telle culpabilité chez les hommes '» Un constat intéressant alors qu'un autre defi attend les femmes din géantes.

Celui dc leur implication dans le monde economique a la tele d organismes consulaires, de syndicats patronaux ou d associations economiques Une montee en puissance dont des associations comme PCE, Femmes chefs d entreprises, ont fait I un de leuis chevaux de bataille, parce qu'elles estiment que les femmes patrons ne doivent pas se cantonner dans leui socieLe maîs en sortir pour occuper le terrain du monde econo- mique «Notre but, témoigne Anne Marie Brunet présidente de la delegation Savoie de PCE, est que nos adhérentes prennent des postes de mandataires Chambres de commerce et d'industrie tribunal de commerce, Prud hommes.

Les femmes doivent s'investir Parce que c'est ainsi qu'elles poim ont faire avancer les dossiers a leur maniere et faire passe) leurs idees » Et sur ce terrain-la, les choses bougent en Pays de Savoie, comme en témoigne par exemple le fait que ce soit desormais deux femmes qui ont pris les rênes des CGPME départementales.

En Haute-Savoie Julie Gnuva, patronne de la societe de decolletage Dgm a Scionzier et en Savoie Chnstelle Favetta-Sieyes restauratrice a Chambery

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