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Claudine Soutumier : "Ne pas diriger seule son entreprise".

Claudine Soutumier : "Ne pas diriger seule son entreprise".

mercredi 15 février 2012

Gérante de l'entreprise familiale basée à Maillot, Claudine Soutumier témoigne de 38 années passées à la tête d'une entreprise qui a toujours compté moins de dix salariés. Pour tenir sur la durée, elle estime qu'il faut être prévoyant et ne jamais rester "le nez dans le guidon" dans les périodes de coups durs.

"On n'est jamais tout seul pour diriger une entreprise." Claudine Soutumier parle d'expérience. Après 38 années de direction de l'entreprise familiale du meme nom, sise à Maillot, elle estime qu'une entreprise, c'est un ensemble. " Un ensemble, et même pour les Soutumier, un couple. "Mon mari assurait la partie technique. Moi, j'étais à la gestion-comptabilité et aux relations extérieures." Un binôme qui a fonctionné pendant près de 40 ans. Et si le mari a passé le relais "technique" à son fils Benjamin, présent dans l'entreprise depuis une demi-douzaine d'années, la mère l'épaule toujours dans le domaine de la gestion.Pour quelque temps encore.

"Diriger une entreprise, ce n'est pas un long fleuve tranquille", confie-t-elle en revenant sur ces 38 années. "On a eu des hauts, des bas, des périodes difficiles..." Elle cite les chocs pétroliers des années 70 "mais on n'a pas été trop touchés"-, les années 80, 9192 et 2008. "En 1991-1992, on a ressenti un manque d'activité important, c'était dur. On venait d'investir ici, à Maillot En 2008, les mesures du gouvernement ont bien aidé les entreprises. Mais même quand c'était dur, cela n'a jamais mis l'entreprise en danger." Une raison peut-être à cela : être prévoyant. "Il faut anticiper, prévoir les coups durs et être vigilant". C'est son credo. Et elle glisse au passage : "Il faut avoir un bon expert-comptable !".

Elle insiste sur la formation continue. "Il faut toujours se former", souligne-t-elle. "Moi je suis toujours allée voir par exemple du côté des grandes entreprises, pour comprendre comment elles s'organisaient" Nécessité également de suivre les technicités nouvelles. D'essayer. "On a commencé il y a longtemps à faire de la publicité aussi", se souvient-elle. Etre toujours sur ce qui va suivre.

Et ne pas rester seul. C'est aussi son credo, et ce pourquoi elle conseille à tous les chefs d'entreprises d'intégrer un réseau. "Il faut sortir de chez soi, c'est pour ça que les réseaux sont importants. Moi je faisais partie de cercles de qualité", relate-t-elle. "Cela permet de voir ailleurs, d'échanger et de s'améliorer. Il ne faut jamais rester le nez dans le guidon, surtout quand les difficultés arrivent." Et pour les femmes, elle cite bien sûr un autre réseau, dont elle préside la section icaunaise : Femmes chefs d'entreprise CFCE). "On a eu les mêmes périodes, des expériences que l'on partage, on peut se donner des conseils, des trucs : tu peux faire ci, tu peux faire ça... Il y a toujours quelqu'un pour vous aider dans votre entreprise. "

La qualité : c'est en son nom que l'entreprise Soutumier n'a jamais dépassé les huit salariés : "Au-delà d'un certain nombre d'employés, vous ne pouvez plus maîtriser la qualité de ce que vous faites", estime Claudine Soutumier. "A un moment donné, il fallait faire un choix : se développer, et croître en nombre de salariés. Mais on a senti que cela nuierait à la qualité du travail que notre entreprise produisait Or, on aime la qualité." L'entreprise n'a donc jamais dépassé les dix salariés. La qualité et l'innovation, le dynamisme. Dans une entreprise, impossible de choisir le statu quo : "Il ne faut jamais rester dans l'acquis", souligne-t-elle. "Une entreprise, c'est une remise en question permanente."

De son expérience, elle en est en tout cas persuadée : "C'est dans les difficultés qu'on trouve les ressorts pour être meilleurs." Il y en a donc eu, en effet, des coups durs, reconnaît Claudine Soutumier. Coups durs qu'elle n'a jamais cachés à son banquier : "Moi, quand il y avait une baisse d'activité, j'allais voiries banques et je leur expliquais. Cela s'est toujours bien passé. Il faut une confiance réciproque." C'est là un autre de ses credos : une certaine transparence. "Avec ses employés, il faut prévenir quand les choses vont moins bien. Mais aussi quand ça va, dire si le carnet de commandes est bon. Ils sont dans le bateau... Transparence, donc, mais avec une certaine mesure : les employés ne sont pas là pour avoir vos soucis à vous I Mais on leur doit l'honnêteté." Etre une femme dans le bâtiment à l'époque très rare, et aujourd'hui encore -, ne lui a pas été trop cause de remarques, confie-t-elle. "Je ne l'ai pas mal vécu, mais c'est mon mari qui travaillait avec les employés. Car c'est quand même assez macho, le milieu du bâtiment... Mais j'ai toujours été bien accueillie." D'ailleurs, elle ne se dit pas du tout "féministe. La femme doit avoir sa place, mais je ne le vois pas du tout comme un combat L'affrontement n'est pas la bonne méthode. On obtient de meilleurs résultats autrement." Dans les chambres consulaires et les institutions paritaires, ou les conseils d'administrations de grands groupes, il y a encore pas mal de progrès à faire, note-t-elle.

"Le fait d'être mère rend les choses assez compliquées pour une femme chef d'entreprise. Quand les enfants ne sont pas encore autonomes, c'est un frein." Pas de regrets en tout cas, pour Claudine Soutumier à avoir tenu avec son mari le gouvernail de la barque-entreprise familiale. "Moi j'ai toujours voulu avoir mon entreprise", confie-t-elle. "Au départ cette entreprise était celle de la famille de mon mari, je ne me sentais pas vraiment à ma place. Il m'a fallu un peu de temps pour que je la trouve vraiment J'avais toujours en tête de lancer ma propre entreprise... Et puis finalement au bout d'un moment je me suis dit : "Pourquoi faire ailleurs ce que j'ai ici?'"

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