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Entre ses gros bras-là

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mardi 3 mai 2011

Marie-Christine Caunègre, seule femme membre du conseil d'administration élu le 13 avril, a été bercée et élevée par la famille du rugby .

Le sourire est franc, ouvert, épanoui. Il ponctue la conversation de Marie-Christine Caunègre, tout comme ses « tu ». Son tutoiement est comme un bras passé autour de l'épaule. Envelopppant, mais surtout pas étouffant. Des « tu » qui créent un lien naturel, dès la première rencontre. Ce naturel solaire, cette Bayonnaise depuis l'âge de 24 ans l'a hérité d'une famille de sang aimante, et d'une autre famille, qui occupe tout son esprit. Le rugby.
 
Le 13 avril, Marie-Christine Caunègre a été élue au conseil d'administration de l'Aviron Bayonnais. La première femme de l'histoire du club à poser un pied dans son administration. Pourtant, elle n'y a pas débarqué comme on marcherait sur la lune. Cette Landaise d'origine était déjà, depuis 2007, présidente du Léons Club, le club des entreprises partenaires, et actionnaire du club.
 
9 des 87 actionnaires de l'Aviron sont des femmes, elles détiennent quelque 13 % du capital social. C'est notamment en sa qualité de femme que le 13 avril, Marie-Christine Caunègre est montée en première ligne, pour présenter sa candidature au conseil d'administration. « Voilà deux ans que cela me trottait dans la tête », précise t-elle clairement. « Quand deux administrateurs sont partis, tu crois qu'ils auraient eu l'idée de demander aux femmes chefs d' entreprises qui sont actionnaires de se présenter ? »
 
Cette fois, la présidente du Leons Club elle y est allée. Porteuse d'un message « d'apaisement, et de sérénité retrouvée. J'ai été acceptée et élue ».
 
La première fois que Marie-Christine Caunègre a été acceptée sur un terrain de rugby, elle avait environ 15 jours, dans sa poussette. Une promenade comme un baptême. C'était pour un match du Stade Bordelais Université Club (SBUC). Avant de fonder une famille, la quarantaine arrivée, son papa avait eu une vie bien remplie de fêtes, et d'international de rugby avec le SBUC. « Trois quart aile numéro 11 en équipe de France ».
 
Les dimanches étaient immanquablement occupés par cette confrérie sportive et festive de l'ovalie. Les matches et les retrouvailles dans un café bordelais passaient le temps. Et cette famille d'adoption transmettait ses valeurs « d'entraide, de combat collectif. Donner avant de recevoir ».
 
Pour Marie-Christine, le lien ne s'est jamais rompu. Pourtant, il aurait pu se briser net le jour où, à 46 ans, Robert Caunègre est mort des suites d'une blessure contractée lors d'un match d'anciens. « J'aurais pu haïr le rugby », lance Marie-Christine Caunègre, sans qu'une ombre ne trouble son regard.
 
Le rugby n'a jamais cessé de la bercer. Quelques années plus tard, sa mère refaisait sa vie avec le meilleur ami de son père, devenu à son tour président du SBUC. Un beau-père « fou de rugby » qui l'a élevée et qu'elle a accompagné jusqu'à l'âge de 91 ans. Couvée par ces « hommes du rugby » à tel point qu'elle est devenue l'une des leurs. « Lors de la première coupe du monde (1), je suis partie avec un groupe de 40 hommes. « À l'aéroport, quand on t'a vue, on a pas aimé », lui a t-on fait savoir, avant d'avouer « tu es comme nous ».
 
« Je suis née là-dedans, je sais comment ils fonctionnent, les hommes du rugby. Je respecte leurs codes ». À tel point de ne rien dévoiler des énièmes mi-temps. « Je respecte leur liberté d'hommes. L'envie de faire ce qu'ils veulent quand ils veulent ». Ni moralisatrice, ni castratrice. Et suffisamment jalouse de sa propre liberté pour savoir s'éclipser au moment opportun. « Quand ils se mettent à chanter »… Ce moment n'est pas loin. « Nous aussi, on aime bien être entre filles ».
 
« Les filles »
Les « filles », ce sont les Femmes chefs d' entreprises , une association dont Marie-Christine Caunègre a pris la présidence en janvier. Dans les pas de sa mère, chef d'entreprise, qui fut vice-présidente mondiale de l'association. « Un exemple. Intelligente, belle, un cœur extraordinaire. C'est plus facile de faire un parcours quand tu as eu cela dans ta vie. »
 
Marie-Christine ne le dit pas, mais lorsqu'elle s'est présentée comme administratrice de l'Aviron Bayonnais, elle a dû penser à sa mère, à ses deux pères, à son fils, ex-poussin à Bayonne. Toute sa famille y était.
 
(1) La première Coupe du Monde de rugby à XV s'est disputée en Nouvelle-Zélande et en Australie du 22 mai au 20 juin 1987.

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