Développement durable : une voie franco-chinoise ?
mardi 10 mai 2011
A l'initiative du MEDEF Ile-de-France, du Carré de Chine, de France-Europe-Planète-Bleue et de la Fédération des associations des étudiants et professionnels chinois en France, 250 entrepreneurs chinois et franciliens se sont interrogés à l'occasion d'un colloque organisé à l'Assemblée nationale, sur les partenariats économiques à développer dans une démarche de développement durable et partagé.
1,34 milliard d'habitants !
Le chiffre à lui seul suffit à donner le vertige et témoigne des immenses opportunités que représente ce marché hors normes. D'ici 2035, les villes chinoises vont compter 300 millions de nouveaux habitants, ce qui va nécessiter la construction de 15 milliards de m2 de bâtiments, soit l'équivalent du parc immobilier européen devait rappeler Jun Li, chercheur au CIRED. Dans l'intervalle, le pays sera redevenu la première puissance économique mondiale, comme il l'était déjà en 1840..., le 1er marché automobile, le 1er producteur d'acier, mais aussi le 1er investisseur en technologies vertes. Car paradoxalement, le 1er pollueur de la planète est aussi le pays qui consacre le plus d'investissements en termes de développement durable (20 milliards d'euros depuis 5 ans dans le seul domaine des énergies propres) avec pour objectif de réduire de 40 à 45 % ses émissions de carbone d'ici 2020.
Concilier progrès et durabilité.
Voilà bien le défi essentiel auquel sont confrontés nos deux pays et qui peut alimenter le partenariat stratégique global qu'ils entendent développer ensemble. Nous pouvons en effet mutuellement nous apporter beaucoup en échangeant et confrontant nos expériences, nos savoir-faire afin de progresser en matière de recherche et dinnovation pour la mise en œuvre d'une dynamique et de normes communes, comme le suggère Christian Grusq, président de « Diplomatie et développement durable ». Un champ d'opportunités que confirme Hélène Rives, du cabinet Landwell & Associés. «L'amélioration de l'environnement est véritablement une priorité des autorités chinoises. Elle ouvre de formidables opportunités aux entreprises françaises, en particulier sur les technologies vertes. Veolia et Suez environnement sont ainsi très présentes dans de nombreux projets de ville ». Un marché annuel de 8 milliards de dollars à l'horizon 2013, où ces chefs de file français disposent d'une véritable expertise.
Quels apports réciproques ?
Mais que peuvent s'apporter nos deux pays en matière de coopération économique ? « De véritables complémentarités », souligne Hélène Rives. Apport de technologies nouvelles et savoir-faire managérial du côté français, capacité financière gammes de produits complémentaires et main d'oeuvre à bas coût côté chinois. « Mais attention à privilégier une approche à long terme des partenariats commerciaux, car il faut du temps pour se comprendre, et garder une vision réaliste de ses ambitions en sachant prévoir les mécanismes de sortie en cas d'échec », ajoute cette spécialiste du marché chinois. Les modes de négociations sont différents et les lourdeurs administratives tout aussi pesantes du côté chinois que français. Pas de quoi bouder pour autant le potentiel de croissance d'un marché en expansion de 10 % en moyenne ces dernières années. « L'entrée en vigueur des lois Grenelle 1 et 2, tout comme l'aménagement du Grand Paris vont être des vecteurs de développement du green business.
Les entreprises franciliennes peuvent y trouver l'opportunité de développer une expertise recherchée par nos partenaires chinois », rappelle à ce titre Mariechristine Oghly, la présidente du MEDEF Ile-de-France, qui souligne au passage les progrès considérables entrepris par les entreprises françaises qui ont déjà l'une des empreintes carbone les plus faibles du monde. De 1990 à 2008, les émissions de l'industrie ont ainsi baissé de 28 %. Une référence qui pourrait servir de base à une plus vaste collaboration en la matière, prélude à un pôle d'innovation susceptible de créer une vraie dynamique commune.