C'était il y a cinq ans. En 2006 l'entreprise familiale Mavifiex, qu'Anne Sophie Panseri dirige, subit une décision de justice qui la met en péril Profondement meurtrie par ce qu'elle ressent comme une injustice, la jeune femme engage toutes ses forces pour sauver l'entreprise.

Elle ne veut certes pas se soustraire au jugement mais elle le conteste par un pourvoi en cassation Pour que Mavifiex puisse continuer sa route pendant que la justice déroule, a son rythme, ses injonctions, elle choisit de recourir a la procédure de sauvegarde, alors peu connue « Mavifiex avait des clients et des fournisseurs fidèles, une structure de bilan saine, des fonds propres importants.

Tout cela pouvait il être emporte par une décision de justice ? J'ai voulu aller au bout de tous les recours possibles car j'avais la conviction que nous avions raison Ce sentiment d'injustice a décuple mes forces » La voilà en première ligne sur tous les fronts A partir de millet 2006, elle effectue une fois par semaine un point oral devant son personnel au grand complet pour le tenir au cou rant des évolutions de l'entreprise, des lors corsetee par la procédure de sauvegarde Elle s entretient avec plusieurs fournisseurs chaque jour pour les rassurer et les convaincre de ne pas la lâcher - sur 250, seuls deux finalement la quitteront.

Pour repondre aux exigences de la sauvegarde, elle introduit des baromètres, met a plat son mode de gestion, affine le reporting « En tant que dirigeante je suis le chef d'orchestre Je devais rassurer, expliquer en toute transparence ce qui se passait » Accablée mais déterminée a se battre, Anne-Sophie Panseri découvre vite qu'elle peut compter a ses cotes sur des équipes soudées « les salaries partageaient ce que je vivais », assure-t-elle. Un élan de solidarite balaie I entreprise si malmenée Personnel, clients, fournisseurs, ils témoignent leur confiance en l'avenir et, en cette année de tous les dangers, Mavifiex voit son chiffre d'affaires bondir de 14 %.

En juillet 2007, elle sort de la procédure de sauvegarde alors même que la Cour de cassation ne s était pas encore prononcée II faut dire que Mavifiex, qui a été créée en 1956 par le grand père d'Anne Sophie Panseri, s'appuie sur une longue histoire dans laquelle « l'humain a toujours eu sa place » Chaque jour la jeune femme parcourt l'usine « Ma porte reste ouverte pour tous, c'est une priorité Je milite pour la communication orale, et suis peu favorable a l'echange par courriels »

Partage d'expériences
Pour se distraire de ce qu'elle vivait « comme une tragédie », la jeune femme s'investit dans d'autres cercles Elle rejoint l'association Internationa le Femmes Chefs d'Entreprise (FCE) dont elle devient présidente pour le Rhône en 2009 Puis entre, toujours en 2006, a la commission économique du Medef Ces rencontres et ces par tages d expériences avec ses pairs l'ai dent a prendre du recul, et élargissent sa vision de chef d'entreprise.

Ces engagements sont aussi une manière de rendre ce qu'elle a reçu « quand vous avez rencontre une telle solidarité » Ils la conduisent enfin en décembre 2010 a devenir élue de la CCI de Lyon et de la CCIR.

Elle compte y porter un nouveau combat la défense de l'industrie sur le territoire régional « Tous ces acteurs que j'ai découverts sont devenus mon quotidien, ma façon de me ressourcer », assure-t-elle Elle s active aujourdhui a propulser Maviflex dans le futur, musclant toujours plus la R&D car cette activité est gourmande en innovation Elle developpe l'international (16 % du chiffre d'affaires), envisage de la croissance externe Bien sûr, elle n'est plus la même cette période difficile l'a fait grandir Elle recherche le calme, la sérénité.

Toutefois son désir de tourner la page, de ne plus ressasser ce passe désastreux se bagarre encore avec l'envie d'y revenir pour transmettre a d'autres les enseignements tires Lorsqu'elle évoque cette période trou blee, elle assure que même en proie a une vraie lassitude, la tentation de tout lâcher ne l'a jamais effleurée